CESE Conseil Economique et Social Européen

Discours d'investiture de Henri MALOSSE - Président du Comité économique et social européen

(Prononcé le jeudi 18 avril 2012)

Mesdames et Messieurs, chers Invites, chers collègues,
Je veux m’adresser en premier lieu aux jeunes des Ecoles européennes que j’ai invité à participer à
cette séance ! Nous attendons beaucoup de vous car vous devrez reprendre le flambeau.

 

Vous avez la chance unique de recevoir une éducation Européenne qui vous enseigne la tolérance et vous apprend à
connaitre les autres. Si peu de jeunes Européens ont cette chance aujourd’hui. Vous devez être l'avantgarde
et les porteurs de notre message.

Je veux m’adresser aussi à Tous nos anciens Président(e)s ici présents, Göke Frerichs, Roger Briesch,
Anne marie Sigmund, Dimitris Dimitriadis, Staffan Nilsson ! J’ai une pensée émue pour notre ami
Mario Sepi ! Je salue ici chaleureusement madame Sepi. Il me manque cruellement en ce jour.
Permettez-moi de dire un mot aussi pour Göke Frerichs qui a guide mes pas depuis mon arrivée au
Comite en 1995 et a été un exemple pour moi. Permettez-moi aussi de mentionner particulièrement
Roger Briesch qui est aussi aujourd’hui parmi nous.

Je veux vous dire chers Présidents que je veux marcher dans vos pas ! Tout ce que vous avez entrepris
au cours des dernières années nous a fait grandir ! Je veux être digne de vous !
J’ai l’habitude de dire que j’ai fait de l’Europe ma passion et le combat de ma vie!

De grandes figures ont inspiré ce combat ! Je voudrais les mentionner et les rappeler ici ;
En premier lieu, Jean Monnet-et je salue ici la présence de son petit-fils ainsi que mon ami Pascal
Fontaine qui a été son dernier assistant! Tout le monde connait son rôle déterminant pour la
construction européenne ! Moi je retiens surtout l’Homme d’action, l’autodidacte qui a arrêté ses
études à 16 ans, celui qui à 19 ans a eu le culot de proposer un plan d’armement anglo-américain au
Ministre britannique de la défense à l’aube de la première guerre mondiale, l’entrepreneur, l’homme
qui a toujours pris des risques autant dans sa vie privée que professionnelle ! J’ai fait mienne une de
ses devises favorites « dans la vie, il faut choisir entre faire avancer sa carrière ou faire avancer ses
idées, c’est la deuxième voie que j’ai suivie !

«Je veux mentionner ici aussi la grande figure de l’Europe qui est Simone Veil, cette grande dame qui,
comme on le sait, rescapée du camp d’extermination d’Auschwitz, est devenue une Européenne de
conviction et la première Présidente du Parlement européen après les élections de 1979 . Simone Veil
est aussi l’ardente défenseur de la cause des femmes ce qui a forgé mon admiration et mon respect. Je
veux ici également, en la citant, rendre hommage à toutes les Femmes d’Europe.
Depuis que j’ai – à l’âge de 20 ans –franchi ce qui était le rideau de fer, j’ai toujours conçu la
construction européenne comme l’affaire de Toutes et Tous les Européens, de l’Est comme de l’Ouest,
du nord comme du Sud ! C’est la raison pour laquelle je veux rendre ici un hommage particulier à
Lech Walesa qui est un de mes héros ! Son combat exemplaire pour la liberté m’a fait passer des nuits
blanches à l’écoute des radios d’opposition. Avec la création de SOLIDARNOSC qu’il a inspiré, j’ai
appris aussi à enrichir mon vocabulaire du mot SOLIDARITE.
Je voudrais aussi rendre hommage à une figure de notre époque qui est universelle, SS le Dalai
Lama ! J’ai eu la chance de le rencontrer deux fois –en fait grâce à l’initiative de Mario Sepi ! Le Dalai
lama quand nous l’avons rencontré- nous a exprimé son admiration devant l’oeuvre des Pères
fondateurs de l’Europe et nous a avoué qu’il avait rêvé en son temps un projet semblable en Asie ! Le
Dalai lama et son témoignage doit nous rappeler qu’il existe encore bien des peuples dans le monde
qui n’ont pas de liberté et que l’intégration européenne est aussi un exemple qui nous donne la
responsabilité de porter haut et clair partout dans le monde les valeurs de liberté, de démocratie et de
solidarité, sans jamais s’en laisser détourner au nom de cette soi-disant « real politique » qui n'est en
fait que de la lâcheté.
C'est en pensant à ces grandes figures de notre temps, qu’il faut penser a l’Europe d’aujourd’hui.
Les citoyens Européens doutent de plus en plus de la capacité de l'Union Européenne à apporter des
réponses concrètes et rapides à leurs inquiétudes.
Ceux qui étaient les plus chauds partisans de l'Europe ; agriculteurs, chefs d'entreprises, artisans,
commerçants se reconnaissent de moins en moins dans des décisions tatillonnes qui sont vues surtout
comme autant de contraintes.
Les salariés et les ménages n’entendent parler que d’austérité et voient leur pouvoir d'achat se
contracter. Les épargnants ont perdu confiance depuis les évènements catastrophiques de Chypre
Les jeunes attendent du concret et des initiatives pour leur avenir, pas des stratégies fumeuses
exprimées dans la langue de bois des technocrates!
La crise de l’Europe est avant tout une crise d’éloignement de l’Europe de ses citoyens !
On ne doit plus attendre en effet des gouvernements tout seuls qu’ils changent le cours des choses.
Aucun tandem, couple ou moteur à 2 ou à 3 n y parviendra. C'est à la société et aux citoyens d'agir.
J’en viens donc à notre Comité. Nous faisons du bon travail mais nous ne sommes pas suffisamment
écoutés par les autres institutions!
Nous voyons bien qu’on préfère de plus en plus les consultations par internet, les Forums ad hoc où
les grandes organisations représentatives côtoient de toutes petites qui le sont bien moins ! Et pourtant,
de notre mode de désignation, nous Membres du CESE, avons des dizaines de millions de citoyens
derrière nous !
C’est la que je veux imprimer un « wind of change », en améliorant la qualité de nos travaux et en
mettant une priorité absolue sur le suivi de nos avis. Je souhaite que nous utilisions à bon escient
l'instrument très puissant dont nous disposons, à savoir les avis d’initiative, pour mettre sur la table du
Conseil et du parlement les actions concrètes que les citoyens attendent.
Je propose aussi que nous utilisions nos 3 observatoires pour examiner l'impact réel des décisions
européennes sur la vie quotidienne des citoyens européens.

Nous ne devons pas être l’institution qui parle à la Société civile, Nous sommes la Société civile qui
parle aux Institutions !
Comment ? En allant davantage sur le terrain à la rencontre des organisations de la société civile, en
faisant écho aux Initiatives Citoyennes Européennes, en faisant remonter les préoccupations et projets
qui viennent des citoyens, nous rendrons un service infiniment précieux à l’Europe !
Il y a d excellentes idées dans la société civile qui permettraient de relocaliser des productions en
Europe, de développer l'apprentissage face à cette honte que constitue le chômage des jeunes, de
lancer une ou plusieurs « silicon valley » autour d’une recherche réellement européenne, de soutenir
toutes les formes d'entreprenariat avec des formes nouvelles de financement, de lutter efficacement
contre l'exclusion avec un système de partenariat public - privé, d’établir un revenu minimum
européen comme marque d’une Europe qui est aussi sociale en même temps qu’elle est économique.
C’est surtout dans ces temps difficiles que l'Europe doit s'affirmer avec des symboles forts qui vont
créer un sentiment d'appartenance et d'identité.
Je pense ainsi, juste à titre d’exemple, au statut européen d’association – fort mal à propos retiré de
l’agenda du conseil européen par la Commission européenne, au statut européen de petite entreprise
dont le CESE est à l’origine toujours bloqué au Conseil, à un Erasmus pour les apprentis et jeunes
travailleurs, à des universités européennes, à un tronc commun d’études européennes dans les lycées
et collèges.
Je pense aussi à des actes symbolique mais si important dans le quotidien des citoyens comme
l’abolition des frais d’itinérance (roaming) ou l’abolition des formalités pour tous les européens qui
s’installent dans un autre pays de l’UE !
Il faut renouer avec la méthode communautaire de Jean Monnet qui avec de petits pas concrets a fait
avancer à grand pas la cause de l’Europe !
Je vois notre rôle comme celui du « poil à gratter » de la construction européenne, le « Jimmy
Cricket » de la maison Europe pour rappeler aux « grandes institutions » que la société civile les
observe et que la construction Européenne appartient à toutes et à tous !
C'est en pensant très fort à nos compatriotes qui souffrent aujourd’hui, aux chypriotes qui ont vu en
une semaine se fracasser le modèle économique qui avait été le leur depuis 30 ans, aux grecs qui sont
punis collectivement des fautes de leurs gouvernements, que je voudrais terminer ici.
Permettez-moi de citer un grand Homme d’état Belge et grand Européen, Paul-Henri Spaak qui,
devant l’assemblée du Congrès de la Haye en 1948, devant un parterre de représentants de la Société
civile, leur a dit « Je vous en prie, Bousculez nous ».
A nous de Bousculer les institutions européennes pour imposer un changement de cap et faire revivre
le rêve de Jean Monnet de voir un jour les états unis d’Europe !
Il y a beaucoup de pilotes dans l'avion Europe, mais il n y a plus de moteur. A nous d'inventer le
Moteur citoyen ; ce sera notre Wind of Change.
Je compte sur vous tous pour m’aider à mener ce projet à bien.

Contact presse : Karin Füssl
Tel. +32-2-546-8207
Adresse e-mail: Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Mentions légales         -          webdesign amZen